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Ancienne élève au lycée Dupuy de Lôme, je poursuis des études à l’université d’Oxford, en Grande-Bretagne.

J’y étudie la littérature italienne, française et anglaise avec un module sur les relations internationales.

Le cursus que je suis s’étale sur quatre ans dont un an à l’étranger (la troisième année).

Mon parcours

J’ai obtenu mon baccalauréat en 2022 après avoir suivi les spécialités sciences économiques & sociales et humanités, littérature & philosophie.

Je ne savais pas trop ce que je voulais faire après le lycée, je n’étais même pas sûre de vouloir poursuivre des études directement après le bac. J’étais un peu perdue vis à vis de mon projet d’avenir, submergée par toutes les informations et indécise.

Par conséquent, j’ai consacré du temps à réfléchir sur les matières vers lesquelles j’étais spontanément attirée et sur ce qui me passionnait. C’est assez instinctivement que je me suis tournée vers les langues.

Je parle anglais à la maison depuis la naissance car mon père est anglais. Je suivais les cours d’allemand Lv2 depuis la sixième et venir à Dupuy m’a donné l’opportunité d’apprendre l’italien.

Quant à la jonction avec la littérature, elle s’est faite naturellement. Je m’épanouissais pleinement en cours de français et je voulais continuer à étudier la littérature plus en profondeur.

Pourquoi Oxford et le processus d’application

Oxford : une belle découverte

C’est au cours d’une visite chez ma grand-mère que l’idée d’étudier à Oxford a commencé à germer.

Elle habite dans le Nord de l’Angleterre, et en faisant le trajet nous avions fait une halte à Oxford. Je me souviens avoir été frappée par la beauté de la ville et avoir envié la vie des étudiants que je croisais dans la rue.

Un processus d’inscription complexe …

Le processus d’inscription est assez compliqué et assez long d’autant plus que je ne connaissais personne (que ce soit des gens de mon âge ou des professeurs) qui avait fait la démarche auparavant.

Ce qui fait la particularité d’Oxford est que l’université repose sur un système de ‘college’ (44 colleges au total). Les colleges sont indépendants et autonomes mais sont simultanément liés à l’université comme un système fédéral.

Choisir son college est donc la première étape du processus d’application. Je n’avais aucune idée de la réputation de chacun des colleges, j’ai donc fait une ‘open application’ signifiant qu’ils pouvaient m’assigner n’importe quel college.

J’ai eu beaucoup de chance car on m’a assigné Keble College qui fait partie des meilleurs colleges de l’université, de part notamment son aspect social (les activités et les gens).

Avec du recul, faire une ‘open application’ est risqué car certains colleges sont assez particuliers et ne correspondent pas forcément aux critères que l’étudiant peut rechercher (logement, grandeur du collège, nombre d’étudiants etc).

La plateforme UCAS

Ensuite, il faut s’inscrire sur la plateforme UCAS, équivalent du parcoursup français, écrire un ‘personal statement’(sorte de lettre de motivation) qu’il faut soumettre.

Les examens écrits

Il faut ensuite passer des examens écrits qui sont normalement réalisés dans l’établissement de l’élève, dans mon cas en ligne.

Les résultats des examens sont analysés et, si le résultat atteint une certaine note, l’université contacte l’élève et lui demande d’envoyer des travaux écrits réalisés au cours de sa scolarité (dans mon cas, des dissertations dans les trois langues).

L’entretien

Ils font par la suite un tri entre les candidats selon les travaux écrits et les résultats des examens, et envoient une invitation à un entretien avec deux des tuteurs. L’entretien se déroule début décembre (en ligne depuis le Covid).

C’est à la fois stressant et exaltant comme expérience.

Durant mon entretien, ils m’ont présenté un texte qu’ils m’ont laissé lire pendant 5min puis m’ont posé des questions à la fois d’analyse et de grammaire. Ils posent également des questions un peu incongrues, surprenantes.

Je me souviendrai toujours dans mon entretien d’italien le moment où ils m’ont demandé de commenter la dimension métaphysique d’un puit.

Ils savent que l’élève n’aura pas forcément la réponse à la question, ce qui les intéresse c’est le ‘thought process’, le cheminement intellectuel de l’élève, son raisonnement à voix haute.

Moyenne au BAC

Les résultats sont envoyés par e-mail mi-Janvier. Bien que la réponse puisse être positive et que l’université offre une place à l’élève, cette offre est conditionnelle: il faut obtenir une certaine note aux examens de fin d’année pour pouvoir y être accepté officiellement. C’est cette partie qui est sûrement la plus stressante car il y a une pression constante jusqu’aux résultats du bac en juillet pour savoir si on a atteint ou non la note requise. (Au moins 16/20 de moyenne générale)

Keble college
Oxford

La vie à Oxford, mon expérience et ce que j’en ai retiré

L’année scolaire débute en Octobre. Le système à Oxford est très particulier et différent de la majorité des autres universités anglaises.

3 « terms » de 8 semaines

En effet, il fonctionne en 3 ‘term’ de 8 semaines appelés Michaelmas (octobre/novembre), Hilary (janvier/février) et Trinity (mi avril/mai/juin).

Entre chaque term, on a une pause de 6 semaines. C’est un rythme très particulier, assez déroutant parce que c’est très intense pendant 8 semaines puis une pause relativement longue.

Il faut naturellement étudier durant ces 6 semaines parce qu’il y a des ‘collections’ (examens qui ne servent que de préparation aux examens de fin d’année) au début de chaque term ainsi que beaucoup de travail préparatoire.

Les  » tutorials »

La réputation d’Oxford repose sur sa manière d’enseigner et ses ‘tutorials’.

Les tutorials sont des entretiens avec le tuteur et deux élèves. Ils peuvent être définis comme une discussion sur le sujet étudié et une analyse détaillée du travail rendu par l’élève. C’est effrayant et passionnant à la fois. Il n’y a nul part où se cacher, il faut se lancer et ne pas avoir peur d’exposer ses vues sur tel ou tel sujet face à un tuteur ayant étudié le sujet depuis des années.

C’est enrichissant puisque le tuteur nous pousse à explorer des pistes intellectuelles auxquelles on n’avait pas pensé ou met en exergue les limites de nos arguments, comment ils peuvent être améliorés.

Cela fait assez drôle au début car on n’a pas l’impression de se rendre en cours mais vraiment de prendre part à une conversation, par exemple, les tutorials que j’ai avec mon tuteur de littérature française se déroulent dans son salon et nous sommes en chaussettes.

Sans oublier …

J’ai en plus des cours de langues (grammaire/oral/écrit) où le nombre d’élèves se limite au maximum à 6 ou 7. Les ‘contact hours’ (heures de cours/tutorats/lectures) représentent environ 13heures par semaine.

Le reste du temps est consacré à l’écriture ‘d’essays’ (dissertation serait l’équivalent français) qu’il faut rendre chaque semaine avant une heure limite. Ce sont ces essays qui servent de tremplin à la discussion dans les tutoriels. C’est surement la partie la plus stressante d’Oxford puisqu’il faut constamment respecter les délais.

En plus des essais, il y a du travail à rendre chaque semaine pour tous les autres cours de langues. Le rythme est intense et il faut consacrer environ 40heures par semaine au travail sur les essays et autres devoirs.

Vie sociale

Cependant, ce n’est pas pour autant que la vie sociale n’est pas riche et que tout tourne autour des études.

J’ai rencontré des gens incroyables à Oxford qui me correspondent vraiment et avec lesquels j’ai noué de très fortes amitiés. Le réseau qu’on se crée est fascinant; certaines de mes amies les plus proches habitent, par exemple, en Australie, en Argentine ou bien en Californie.

Il y a de nombreux événements organisés au sein du collège comme à travers l’université que ce soit des soirées, des bals.

L’Université repose également sur un système de ‘sociétés’ qui sont des clubs et associations. Elle en compte plus de 400 qui couvrent un large éventail d’intérêts (tous les sports imaginables comme le quidditch mais aussi des sociétés comme ‘women in economy society’ ou ‘law society’ ou même ‘Taylor swift society’) auxquels on peut adhérer. C’est un très bon moyen pour rencontrer des personnes d’autres colleges.

Il y a également une grande culture de ‘diners’ et ‘black tie events’ où il faut s’habiller en robe longue pour les filles et smoking pour les hommes. Oxford est sûrement le seul endroit où j’ai vu au moins une fois par jour des gens vêtus en smoking. On nous sert à manger dans le ‘dining hall’ qui ressemble au hall dans Harry Potter (la production d’Harry Potter avait d’ailleurs demandé à Keble de filmer dans leur hall, qui a refusé, ils ont donc filmé dans un autre collège d’Oxford, celui de Christ Church).

Au début c’est assez déroutant parce qu’il y a tout un protocole à suivre et le diner se déroule en étapes: il faut se lever lorsque les membres séniors de l’université traversent le hall pour se rendre à la table haute, se rasseoir puis se relever pour une prière en latin, la chorale vient ensuite chanter au balcon, on doit tous porter nos ‘gowns’ (sorte de toges).

Au final, c’est tout à fait ce qu’on imagine lorsqu’on se représente Oxford et ses traditions.

Mot de la fin

Je n’aurais jamais pensé autant aimer la vie à Oxford. Même si le rythme est intense et que les études sont relativement dures, je ne regrette pas du tout mon choix. Le quotidien est stimulant et les personnes que j’ai rencontrées inoubliables. J’apprends de nouvelles choses toutes les semaines