Mon séjour en Jordanie : entre le dépaysement et ma passion pour la langue arabe !

Au carrefour des routes liant Jérusalem à Bagdad et La Mecque à Damas, le Royaume Hachémite apparaît comme un « havre de paix » singulier dans une région bousculée, déchirée et quotidiennement meurtrie par les incessantes tensions et crises géopolitiques.

Hospitalité et courtoisie

 

Au-delà de cette singularité politique, la Jordanie est un paradis permettant à n’importe quel visiteur de profiter ébahi de la beauté de paysages aussi époustouflants qu’apaisants.

En réalité, dans ce petit pays situé sur la rive orientale du Jourdain, les quelques dix millions d’habitants maîtrisent parfaitement les règles de l’hospitalité avec une incommensurable courtoisie.

En effet, toujours prêts à vous tendre la main avec un sourire avenant, les Jordaniens veulent vous faire découvrir des ailleurs qui vous sont méconnus.

 

Merveilles du monde

 

Par ailleurs, il faut dire que les innombrables « merveilles du monde » ainsi que les agréables et palpitantes saveurs gastronomiques se doivent d’être partagées. Quant aux impressionnants vestiges qui ont traversé des millénaires – je pense notamment à Pétra la nabatéenne et à Jérash la romaine – les Jordaniens en sont particulièrement fiers – à raison. Ces sites archéologiques sont de véritables trésors restés intacts !

De plus, ils témoignent d’une indescriptible puissance de l’esprit. De nos lointains ancêtres et à nos contemporains, l’Humanité a su préserver ces admirables joyaux, de génération en génération.

Jerash

Deux endroits m’ont profondément marqué au cours de ce séjour : Wadi Rum et Pétra.

 

Wadi Rum

Après avoir quitté Amman et réalisé un peu plus de trois cents kilomètres sur la Route du Roi, voilà les abords du Wadi Rum ; le décor ressemble beaucoup à la mythique Route 66 américaine.

Pourtant, accompagnés de mes camarades, je suis bien immergé dans les plaines sableuses du désert jordanien. D’ailleurs, ce sont bien des bédouins qui nous accueillent pour passer la nuit. Jadis, les bédouins vivaient dans des tentes en poil de chèvres, mais depuis les années quatre-vingt-dix, ils logent dans des habitations dont les fondations sont bétonnées afin d’avoir la capacité d’accueillir des touristes.

A l’arrière d’un de leurs pick-ups, nous découvrons la toile de fond de grands films cinématographiques tels que Lawrence d’Arabie (1962), Seul sur Mars (2015) ou Star Wars, épisode IX : L’Ascension de Skywalker (2019).

Rapidement, nous comprenons  pourquoi l’immense Wadi Rum était un terrain apprécié par l’illustre Thomas Edward Lawrence dont le destin a basculé lors de la grande révolte arabe entre 1916 et 1918.

L’impression d’être sur Mars est réelle : les couleurs rouges, rosées et orangées sont tout simplement sublimes.

En fait, dans cette zone protégée et pure, nous apprécions le sentiment d’être seuls face à nous-même ; à l’écart de toute perturbation – chacun dans sa bulle. Pas un bruit ; juste le contact avec Nature, la Terre et ses vives falaises rocheuses qui s’étalent à perte de vue.

Enfin, les nuances de couleurs chaudes se multiplient et se juxtaposent harmonieusement alors que le soleil se couche. Assis, nous chérissons le moment présent.

Le soir venu, il fait nuit noire. Dans le campement, les tasses de thé servies s’accumulent jusqu’à l’heure du repas : ce dernier est copieux et soporifique ! Tant mieux car dormir tôt est nécessaire pour pouvoir assister au lever du soleil sur « le plus beau désert du monde ».

Wadi Rum
Wadi Rum juste au-dessus du lieu où Lawrence d'Arabie aurait résidé.

Petra

Le lendemain matin, nous visitons une grande partie du site avant de reprendre la route pour nous rendre sur Pétra.Dans Les Sept Piliers de la Sagesse, Lawrence d’Arabie écrit : « Tu ne sauras jamais rien de Pétra si tu ne t’y rends pas toi-même ».

A l’aune de ma visite de la surnommée « cité rose », je suis tenté de faire miens ses mots.

Après avoir marché le long d’un étroit canyon, nous commençons à apercevoir doucement et pas à pas une ouverture lumineuse… C’est l’image tant attendue et connue de tous ; celle du Tombeau du Roi Arétas III.

Soudain, parfaitement taillé dans un rocher, il se présente à nous et se dévoile complétement. Devant la grandeur d’une telle oeuvre millénaire, nous prenons conscience de la petitesse de notre existence.

Cependant,nous ne pouvons  pas réduire Pétra à ce « Trésor ». Anciennement capitale des Nabatéens, la ville compte plus de huit cents sites archéologiques : le « Nymphée », le « Triclinium du Lion », le « Tombeau de la Soie », la « Rue à Colonnades » sont autant de noms de monuments témoignant de l’incroyable ingéniosité des nabatéens. Celle-ci est incroyablement saisissante lorsqu’on remarque les canaux : ils transportaient l’eau de pluie jusqu’à des citernes permettant le stockage. Par conséquent, nous ne pouvons être qu’admiratifs devant une telle gigantesque réalisation technologique pour l’époque.

En outre, la majorité de ces constructions humaines s’inscrit dans la continuité du « siq » qui est la partie basse du canyon. Mais en faisant une randonnée quelque peu intense, il est possible de grimper sur les hauteurs pour profiter d’une vue terriblement vertigineuse mais absolument splendide.

En sortant de Pétra, une envie pressante d’y retourner nous envahit ! On aimerait presque être à la place de ces bédouins qui habitent Pétra et peuvent profiter quotidiennement des charmes de ce site !

En un mot, le pays d’ « El-Lawrence » regorgent de lieux fantastiques.

Le tombeau aperçu dans une ouverture lumineuse
Le tombeau du Roi Arétas III

La langue arabe : une passion

Bien évidemment, je ne suis pas allé en Jordanie pour ne faire que du tourisme.

En fait, après deux années d’études assez générales, j’ai enfin pu me consacrer à la passion qui m’anime : l’arabe. J’adore cette langue pour les formes qu’elle prend à l’écrit et les sonorités musicales qu’elle dégage.

Script arabe

Etudier à Amman

La plupart du temps, je suivais ma formation à l’Institut français du Proche-Orient à Amman. Même si le touriste lambda passant quelques jours de vacances en Jordanie commet souvent l’erreur de ne jeter qu’un coup d’oeil « express » sur cette capitale de six millions d’habitants, je dois dire que je ne m’y suis pas ennuyé.

Cette jeune ville rayonne à travers un mélange effervescent d’individus venant d’horizons tellement différents. Ainsi, en plus des Jordaniens, j’y ai eu la chance de rencontrer des Palestiniens (ils représentent plus de la moitié de la population du pays !), des Egyptiens, des Syriens, des Libanais, des Irakiens…

Cosmopolite, Amman est un « havre de paix » pour de nombreux réfugiés qui fuient les horreurs de la guerre.

Alors, bien qu’il soit vrai qu’on y fait rapidement le tour des restaurants recommandés et des quelques monuments, Amman est juste spectaculaire ! Son atmosphère est bouillonnante grâce à l’énergie et à l’humour des jeunes gens qui la composent !

Temple d'Hercule
La mosquée du Roi Abdallah I à Amman
Théatre romain à Amman

Une aventure inoubliable

De ce séjour, je retiens tous les paysages et les visages qui ont rendu cette aventure inoubliable. Comme quoi, en y repensant, jamais je n’avais imaginé vivre une pareille histoire lorsque j’étais encore au lycée… الحمد لله .

Hannes Jaffré

Hannes à Pétra