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Pérou, un endroit que je ne veux plus quitter

Admise à SciencesPo Paris en 2020, ma troisième année à l’étranger m’a fait voyager à près de 10 000 kilomètres de Lorient, sur les côtes d’un autre océan, à Lima, au Pérou.

Lima : loin des clichés

Des neuf mois que j’ai passé dans la capitale, je n’en ai vu passer aucun.

Et pourtant ce n’est pas ce que m’avait prédit ces voyageurs, ces backpackers parcourant l’Amérique Latine ou ces anciens élèves partis à l’étranger :“Lima la gris, c’est danger, désorganisation, dépression”. J’exagère à peine.

Loin des paysages montagneux qu’on peut imaginer, couverts de lamas sauvages ou autres Macchu Picchu enchantés, Lima est une ville immense, de plus de 9 millions d’habitants. A elle seule, elle regroupe plus du tiers de la population entière du Pérou (un pays qui représente deux fois la superficie de la France). C’est l’agrément sauvage de milliers de personnes et la concentration de presque toute l’activité politique et économique du pays.

Chaque jour, je prenais mon vélo pour parcourir des rues sales, sans voir la couleur du ciel, en écoutant les bruits de klaxons constants qui essayent de faire avancer vainement un trafic intense, en évitant de sortir mon portable de peur qu’on me le vole. C’est une réalité, et je le savais avant de venir.

Pourtant, très vite, je me suis enracinée. J’aimais Lima. J’aimais Lima et son désordre. J’aimais ses vagues immenses. J’aimais marcher dans ses rues, à côté des vélos-boulangers, des carioles-pain-à-l-avocat, ou autre restaurant à quatre roues. Plus que tout, j’aimais sa diversité, ses quatre coins de Pérou réunis…

Lima
balcon colonial

Le Pérou et sa diversité

Un pays-continent qui réunit des centaines de langues, de gastronomies, de cultures différentes.

J’ai eu la chance de pouvoir voyager sur les routes au Nord deux mois, traversant la Sierra Centrale (montagnes de la cordillère des Andes) jusqu’à la Selva Alta (jungle dans les montagnes), redescendre me faire une place sur une péniche commerciale pour suivre l’Amazone jusqu’à Iquitos, au fin fond de l’Amazonie.
De ce bout de monde perdu, je suis redescendue dans les montagnes du Nord, à Cajamarca, pour son carnaval avant de repartir à nouveau où le vent me portait, jusqu’aux côtes brûlantes qui forment la frontière avec l’Equateur.

Le Pérou m’a fait rencontrer ses habitants, qui m’ont accueillie dans mon périple en partageant avec moi un peu de leur vie et beaucoup de leur générosité. Je leur en suis éternellement reconnaissante.

Bosque de san Andrès, région de Cajarmaca, Nord du Pérou
Nevado Rajuntay, Lima

Côté sombre de Lima

Revenue à Lima, j’ai vu la ville sous un autre jour. J’ai revu sa froideur, ses inégalités, son racisme et son mépris pour les autres régions. Celle de ses politiques sourdes à la pauvreté, aux prix qui montent sans cesse, à ses peuples qui meurent.

Car le Pérou, c’est aussi cette instabilité bousculant le pays de gouvernement en gouvernement. Le dernier en date, responsable de la mort de plus 60 personnes manifestant pour la justice sociale (entre décembre et février dernier) continue d’ignorer les besoins de sa population et ne répond qu’aux lobbys pétroliers et minéraux qui volent les richesses du pays.

Alors, j’ai repris mon vélo, regardé le ciel gris et je lui ai demandé quand il deviendrait enfin bleu pour ses 34 millions d’habitants…

Plage Los Organos, région de Piura