Conférence-atelier « Objet de mémoire »
« Depuis des années, je photographie des femmes qui ont résisté pendant la guerre de 1939-45. Je fais en sorte que mon chemin croise le plus souvent possible le leur. » Marie Rameau.
La photographe Marie Rameau est venue nous présenter quelques-unes de ces femmes remarquables dont elle a croisé le chemin : Denise Vernay alias Miarka, qui a fabriqué un carnet de poésie à Ravensbrück pour son amie Violette Maurice. Sur la page de couverture, ces mots brodés : « La vie est belle… belle toujours ». Annette Chalut et son soutien-gorge « organisé » par une compagne de détention : « Vous savez, c’était totalement interdit d’avoir un soutien-gorge ». Marie-Antoinette Pappé et son couvre-livre en caoutchouc, « organisé » à partir de masques à gaz : « C’est le plus beau cadeau de Noël de toute ma vie ! » Jeannette Lherminier et ses portraits sans visage. Des femmes aux belles chevelures. Des dessins inédits d’une femme qui jamais plus ne prendra de crayon après les camps : « J’ai trouvé par terre un petit crayon que j’ai mis dans l’ourlet de ma robe par indiscipline, à cause de mon tempérament de Française ». Germaine Tillion et ses recettes de cuisine codées en acrostiches, pour retenir les noms de leurs bourreaux.
A la fin de sa conférence, Marie Rameau a demandé aux élèves de fabriquer un objet à partir de matériel de récupération : tissus, fils, boutons, papier… A l’aide d’une aiguille ou de toute autre manière, les élèves ont créé avec cœur un objet de privation de liberté, un objet témoin de leur humanité.
En arts plastiques, les élèves accompagnés de Mme Kerfridin, ont eu l’occasion d’aller glaner en amont de l’atelier, afin de récolter des échantillons de paysage, celui du parc Chevassu. Ces collectes ont permis aux élèves de présenter à Marie Rameau, des traces de leur déambulation dans le parc, les échantillons d’un jardin merveilleux.
L’atelier photogramme avec Marie Rameau.
A partir des glanages effectués, chaque élève a pu imaginer, composer une trace visuelle de son jardin merveilleux, tel un souvenir persistant de cette déambulation qui apparaît sur la surface de la matière. Cette dernière renvoie à la poésie du lieu par son ancienne fonction, une touche d’instrument de musique détournée, pièce en os, servant à la restauration d’instruments de musique.
Atelier d’écriture
Pendant ce temps, en lettres, les élèves de première G4 ont rencontré Marie Rameau qui leur a présenté de façon vivante et humaine plusieurs femmes résistantes ayant vécu l’expérience concentrationnaire. Elle a lu des poèmes écrits par ces femmes. Puis, accompagnés de Marie Rameau et Mme Arnaud, les élèves ont été invités à rédiger un poème libre, inspiré par l’objet créé en conférence-atelier. Ces petits textes ont été lus devant toute la classe, non sans une certaine émotion pour l’artiste qui a pu y retrouver des informations, sensations, idées qu’elle avait transmises aux élèves. S’appropriant chacun à sa façon l’expérience de la privation de liberté, de la résistance, de l’expression artistique, les élèves ont fait montre d’une très fructueuse créativité.