Rencontre avec une artiste outsider de la ‘S’ Grand Atelier, centre d’art brut et contemporain dans les Ardennes belges

Barbara Massart, artiste autiste, crée depuis 2012, année de son arrivée au centre, des oeuvres en textile aux dimensions démesurées. Lorsque le photographe Nicolas Clément croise son chemin, il décide de l’accompagner, intrigué par le personnage et ses tricots.

Il s’étonne de la présence de flammes sur ses pulls, elle lui raconte une histoire où elle est enfermée avec des enfants dans une petite cabane dans les bois qui prend feu. Tous les enfants meurent sauf elle qui s’en échappe à cheval…

Barbara dans les bois, 2013-2015 (super 8)

Nicolas Clément propose de la photographier et de la filmer : elle ne veut pas montrer son visage. Il lui suggère de porter une cagoule…

 

Elle tisse sa cabane dans les bois à la machine à tricoter et suit son errance dans un espace-temps improbable. Chemin initiatique et quête de soi.

Santa Barbara, Andalousie, 2018

En 2016, les deux artistes poursuivent leur collaboration dans le cadre d’une résidence d’artistes à La Fragua dans le sud de l’Espagne. Un second film super 8, de nouveaux costumes et accessoires… Une séquence montre Barbara au coeur d’une procession religieuse, portée comme une statue par des hommes, une étonnante coiffe noire sur la tête en lieu et place d’une mantille…

Barbara III

La partie la plus auto-biographique de l’artiste qui évoque des moments douloureux: naissance difficile, handicap mental, perte de sa mère, diagnostic du cancer du sein… Quand le textile se fait cocon.

Marcel Schmitz et Thierry Van Hasselt

Marcel, démiurge trisomique, crée une ville mythique et magique  en trois dimensions avec du scotch et du carton, Frandisco, un hommage franc à San Francisco, qui s’étend presque sans fin au fil des années. Une mégapole chaotique et déroutante. Le décor renvoie à des voyages et à des moments de vie partagés avec Thierry, le dessinateur, qui raconte la vie de ses habitants…

En acceptant d’entrer dans ces univers si particuliers, les Terminales HLP ont pu éprouver la force de ce qui aurait pu a priori passer pour un handicap : ces deux artistes et leur binôme s’affranchissent des normes, déploient  leur imaginaire, jouissent d’une liberté totale dans leurs créations. Oser être ce qu’on est, sans avoir à se justifier…