« 16 jours d’activisme » contre la violence faite aux femmes

 

Du 25 novembre, Journée internationale pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes, jusqu’au 10 décembre, Journée des droits de l’homme, la campagne donnera l’occasion de dynamiser les actions visant à mettre fin à la violence contre les femmes et les filles partout dans le monde. Le globe de l’UNESCO sera illuminé en orange.

Au musée, des viols en série!

Latinistes et Hellénistes ont souhaité dénoncer l’érotisation de tous ces corps féminins qui essaient d’échapper à leur agresseur. Les analyses de tableaux évoquent des compositions en diagonale ou hélicoïdales, louent le rendu expressif de la chair comprimée, apprécient la dynamique de la scène, soulignent l’expression du pathos à travers la gestuelle et le regard implorant.

Depuis la Renaissance, il faut bien reconnaître que le motif de l’enlèvement a permis aux artistes de traiter du désir sexuel dans son expression la plus saillante, comme la manifestation visible d’une irrépressible pulsion. Et observateur-voyeur, le spectateur jouit à son tour du moment!

Il serait grand temps de parler sans détours : dans chaque scène un homme, dans un fantasme de toute puissance, s’efforce de surmonter la résistance que lui oppose une femme pour assouvir sa pulsion.

De l’art d’enlever ou de « ravir » (polysémie pernicieuse) les femmes avec violence…

 

Selon Jérôme Delaplanche, historien d’art, les représentations d’enlèvement définissent un système entièrement masculin.

Ce sont des œuvres d’art créées par des hommes, pour des hommes, et illustrant des récits imaginés par des hommes, pour des hommes.

Elles présentent les femmes enlevées de telle sorte que nous sommes associés à la convoitise masculine, nous offrant l’image érotisée et complaisante d’une victime frémissante.

Giovanni Paolo Lomazzo, Trattato dell’arte de la pittura, Milan, 1584,

Giovanni Paolo Lomazzo, dans son Trattato dell’arte de la pittura (Milan, 1584), a laissé un texte important sur cette question. À l’intérieur du sixième livre de ce traité se trouve une suite de recommandations et de conseils sur les modes de représentation de différents sujets dont l’enlèvement des Sabines : « Elles doivent se défendre, mélancoliques et souffrantes, frapper avec leurs poings, faire des gestes vifs, en agitant les jambes, en voulant échapper. Elles doivent aussi mordre, tirer les barbes, crier, implorer humblement leur liberté. Les ravisseurs doivent les tenir dans les bras de diverses façons. Cela ne peut réussir sans montrer des jambes nues, des vêtements déchirés, des bras et des poitrines, et des gestes violents faisant gonfler les seins, tourner les cous et ouvrir les bras. Il y a également de la sueur, des morsures, des griffures, des coups. Tous ces gestes réunis ensemble produisent un agréable spectacle de robustesse et violence. »

Antonio Molinari ( vers 1675)

Un acte transgressif pourtant toléré par des siècles de domination masculine

De toute façon, selon la tradition, les femmes sont destinées …

  • aux relations hétérosexuelles
  • à être dominées au cours de l’acte sexuel
  • à perdre leur virginité, avec ou sans rapport de forces
  • à être conquises comme des citadelles
  • à assumer leur libido masochiste : une jouissance engendrée par la violence
  • à la « pulsion animale » présente en l’homme
  • au mariage (le violeur épouse sa victime et « tout est bien qui finit bien »)
  • à la procréation
  • à des jeux érotiques sans réelle gravité
  • à assumer ces pulsions générées par leur charme et leur beauté : elles sont donc responsables de leur propre malheur…

Latinistes et Hellénistes de Première ont fait paraître des Unes de féminicides

Une autre façon de relire les mythes antiques…

Rappel de quelques principes fondamentaux

L’article du Télégramme

L’article du Ouest-France